Guide pour les victimes de violences policières,
en 17 fiches pratiques et juridiques

Version 2.2 publiée le 13/03/2024

Devant
le tribunal

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Le procès est l’aboutissement de l’affaire : le moment où la justice examinera enfin votre cause publiquement. Préparez-bien cette étape : vous ne pourrez pas faire appel d’une éventuelle relaxe ou acquittement des policiers.

Dans cette fiche :

Dans quel cas peut-il y avoir un procès ?
Devant quels tribunaux peut se dérouler le procès ?
Comment se déroule l’audience ?
Quel rôle peut jouer la « partie civile » ?
Quelles décisions peut rendre le tribunal  sur le plan pénal?
Quelles décisions peut rendre le tribunal sur le plan civil ?
Qui peut faire appel de la décision du tribunal ?

Dans quel cas peut-il y avoir un procès ?

Trois personnes peuvent saisir un tribunal. D’abord, à la fin de l’enquête du procureur de la République (enquête « préliminaire » ou « de flagrance »)book_2, ce dernier peut renvoyernote les suspects devant le tribunal. Ensuite, à la fin de l’information judiciaire, le juge d’instructionbook_2 peut en faire autantnote. Enfin, vous pouveznote également obliger la justice à organiser un procès par le biais d’une « citation directe »book_2. C’est possible seulement en cas de délitbook_2. Attention : si le tribunal estime que les personnes que vous avez fait comparaître ne sont pas coupables, il peut vous obliger à leur payer une « amende civile »book_2. Dans tous les cas, un tribunal ne peut juger que des personnes dénomméesnote et régulièrement convoquées, et seulementnote pour les faits dont il a été saisi. Par exemple, s’il est saisi seulement pour des violences, il ne pourra pas condamner des policiers pour des faux PV. En revanche, le tribunal est libre de « requalifier » juridiquement les faits (par exemple en requalifiant des violences simples en violences avec arme).

Devant quels tribunaux peut se dérouler le procès ?

Selon la gravité des faits, le procès peut se dérouler devant diverses juridictions. La cour d’assises juge les crimesnote. Ce sont les faits les plus gravesbook_2, passibles de dix ans de prison au minimum. Elle est compétente en cas de décès, d’infirmités permanentes, mais aussi dans certains cas de faux procès-verbauxbook_2. Elle est composée d’un jury de 3 magistrats professionnels et de 9 jurés tirés au sort. Le tribunal correctionnel juge les délitsnote, qui sont les faits passibles de dix ans de prison maximum. Le procès devant le tribunal correctionnel prend en général la forme classique de l’audience « collégiale » avec trois magistrats professionnels. Pour certaines infractionsnote les moins graves, seul un « juge unique » statue. Le procureur de la Républiquebook_2 peut aussi choisir la « comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité » (CRPC), une sorte de « plaider-coupable » à la française. Au cours de la CRPC, en tant que victime, vous ne pouveznote vous exprimer que lors de l’audience finale, qui est très rapide parce qu’elle fait suite à une phase de négociation (à laquelle vous ne participez pas).

Procédure expéditive

La décision est tombée trois minutes seulement après l’ouverture de l’audience. Le fonctionnaire de police Sébastien Maréchal, 43 ans, a été condamné à une faible amende par le tribunal correctionnel de Bayonne, ce vendredi 26 juin, pour des faits de « violences involontaires ». Ce membre de la BAC de Bordeaux avait tiré au LBD (lanceur de balles de défense) dans la tête de Lola Villabriga, alors âgée de 19 ans, lors d’une manifestation anti-G7, à Biarritz, en décembre 2018. M. Maréchal devra payer 90 jours-amendes à 15 euros, soit un total de 1 350 euros. Le policier a reconnu les faits dans le cadre d’une procédure de plaider-coupable (comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité ou CRPC). Expéditive, la procédure de CRPC a empêché tout débat sur le fond du dossier au cours de l’audience : pas de retour sur les circonstances du drame, sur le déroulé de l’enquête de l’IGPN ou d’explications du policier à la barre.

Mediapart, 26 juin 2020

Comment se déroule l’audience ?

Quelle que soit la juridiction, les participants (en robe) sont les mêmes : en face la « cour » ou le « tribunal » (le ou les juges) qui « siège » et rendra la décision, sous la direction d’un·e président·e. D’un côté, le procureurbook_2 ; de l’autre, le ou la greffière. Dans la salle, l’huissier (également en robe) est chargé de faire respecter « la police de l’audience », dictée par le président. Il y a souvent des policiers ou gendarmes. Dans les affaires policières, la confusion entre ceux chargés de la « sérénité » des débats et ceux venus soutenir les suspects est courante. En principe, les victimes et les suspects (« accusés » aux assises et « prévenus » en correctionnelle) se trouvent chacun·e d’un côté mais, pas toujours, faute de place. Le président procède à « l’instruction à la barre » en reprenant les faits à partir du dossier et en interrogeant les témoins, les victimes puis les suspects. Cette phase est beaucoup plus rapide devant le tribunal correctionnel que devant les assises. Une fois que tous les éléments de l’affaire sont passés en revue, la parole est donnée dans l’ordre à l’avocat de la victime (plaidoirie), au procureur (réquisitoire), puis à la défense (plaidoirie). Les décisions sont souvent mises en délibéré à plus tard, sauf devant la cour d’assises. Sauf exception, les audiences sont publiques.

Quel rôle peut jouer la « partie civile » ?

La « partie civile » est la victime qui intervient dans la procédure pour obtenir la réparation de son préjudicebook_2. Vous pouvez vous « constituer » partie civilenote jusqu’au moment de l’audience Vous pouvez aussi jouer un rôle sur le plan pénalbook_2. Avant l’audience, vous pouvez faire citer des témoinsnote, mais aussi des suspects (sauf aux assisesnote). C’est utile si vous estimez que le procureur n’a pas convoqué tous les coupables (coauteurs, responsables hiérarchiques, etc.). Vous pouvez aussi faire citer un prévenu déjà convoqué en ajoutant des faits à poursuivre (par exemple un policier poursuivi par le procureur pour violences, mais pas pour un faux PV). Ces citations ont lieu par voie d’huissier, ce qui implique des coûts. Avant ou pendant l’audience, vous pouvez déposer des « conclusions »note (observations) écrites. C’est utile notamment pour insister sur tel élément de preuve, pour demander la requalification de tel fait ou pour demander réparation de votre préjudice. Enfin, pendant l’audience, vous pouvez prendre la parole, et votre avocat·e peut poser des questionsnote aux témoins et aux suspects.

Quelles décisions peut rendre le tribunal sur le plan pénal ?

L’aspect « pénal » du procès concerne l’existence ou non d’infraction(s)book_2. S’il juge qu’il n’y en a pas, le tribunal prononce « l’acquittement » (aux assises) ou la « relaxe » (tribunal correctionnel). S’il y a infraction, il « qualifie » les faits reprochés à chaque suspect, c’est à dire qu’il indique quelle infraction a été commise. Puis il prononce les peines. Les peines dites « principales » sont essentiellement la prison (avec ou sans sursis) et l’amende. Les condamnations de policiers ou gendarmes à des peines de prison ferme sont extrêmement rares. En cas de violencesbook_2 ou homicidebook_2, le tribunal peut décidernote d’ajouter une peine complémentaire, comme l’interdiction d’exercer une activité professionnelle ou celle de porter une arme. L’interdiction professionnelle peut êtrenote temporaire ou définitive. Le tribunal peut donc se substituer à la carence fréquentebook_2 de l’autorité hiérarchique des policiers. En 2021, les 5 seules évictions définitives de policiers pour violences policières ont été décidées par la justice, hors de toute procédure interne à la police. Enfin, le tribunal peut décidernote de ne pas mentionner la condamnation au casier judiciaire du policier ou gendarme. La mention n’a de toute façon aucune conséquence automatiquebook_2.

83 % de peines avec sursis

D’après les chiffres inédits du ministère de la Justice obtenus par Politis, les condamnations prononcées dans les affaires de violences volontaires par personne dépositaire de l’autorité publique (PDAP) sont globalement en baisse depuis dix ans. Ainsi, 98 condamnations ont été prononcées en 2010 contre 53 en 2020. […] Sans conteste, le recours à la prison ferme baisse dans ces dossiers depuis dix ans, en nombre et en pourcentage des peines d’emprisonnement. Ainsi, le ferme représentait 35 % des emprisonnements en 2010 contre 14 % en 2019 (et 17 % en 2021). Une chute de plus de moitié en dix ans. […] En 2021, 83% des peines d’emprisonnement prononcées pour violences volontaires par PDAP sont assorties du sursis. Une part écrasante qui peut aussi s’expliquer, en partie, par l’absence d’antécédents judiciaires de beaucoup de mis en cause. Dans la population générale – tous crimes et délits confondus –, en 2021, le sursis représente 55% des peines d’emprisonnement.

Politis, décembre 2022

Quelles décisions peut rendre le tribunal sur le plan civil ?

L’aspect « civil » du procès concerne l’indemnisationbook_2 de la victime. Si le tribunal estime qu’il y a un préjudicebook_2, il fixe le montant de l’indemnisation. Devant la cour d’assises, la décision civile est indépendante de la décision pénale. Il peut y avoir indemnisationnote même si la cour estime qu’il n’y a pas eu de faute pénale. Devant le tribunal correctionnel, ce mécanisme n’est prévunote qu’en cas d’infraction non intentionnelle (par exemple, « violences involontaires » book_2). Dans tous les cas, le tribunal peut ordonner aux condamnés de verser une « provision » (une somme d’argent) qui sera « exécutoire » (due à la victime) même s’ils font appel. Les condamnés ne pourront s’y opposernote qu’aux assises, sur des critères stricts. Vous avez tout intérêt à demander cette provision dans vos « conclusions » écritesbook_2. Enfin, le tribunal (correctionnelnote ou cour d’assisesnote) peut « renvoyer » l’affaire pour se prononcer plus tard sur les dommages-intérêts. Si c’est vous qui le demandez (par exemple pour apporter des justificatifs de votre préjudice), le tribunal ne peut pas refuser. Le renvoi doit être fixé à une date raisonnable. La seconde audience a lieu à juge unique et peut se tenir hors la présence du procureur.

Qui peut faire appel de la décision du tribunal ?

Seuls le procureur ou les condamnés peuvent faire appel de la décision pénale. En tant que victime « partie civile », après un procès d’assisesnote ou correctionnelnote, vous ne pouvez pas faire appel sur le volet pénal de la décision. Vous ne pouvez ni contester une décision d’acquittement ou de relaxe, ni la peine prononcée (si vous la jugez trop peu sévère par exemple). Vous ne pourrez faire appel que sur les « intérêts civils » (l’indemnisation)book_2. A moins d’un appel du procureur (toujours possible), l’éventuelle mise hors de cause des policiers deviendra donc définitive. C’est dire l’importance de bien préparer le procès ! Aux assisesnote ou en correctionnellenote, le délai pour former un appel est de dix jours à compter de la signification de la décision. Suite à un appel d’une « partie », les autres parties peuvent faire un « appel incident ». Pour le faire, elles disposent d’un délai supplémentaire de cinq jours. L’appel a un effet « suspensif » : jusqu’à de que l’affaire soit jugée en appel, ni la peine ni les intérêts civils ne seront mis en œuvre, sauf les « provisions »book_2. Les appels sont jugés selon le cas par une cour d’assises d’appel ou la « chambre correctionnelle » de la cour d’appel.

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Guide pour les victimes de violences policières,
en 17 fiches pratiques et juridiques

Version 2.1 publiée le 23/11/2023

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Le procès est l’aboutissement de l’affaire : le moment où la justice examinera enfin votre cause publiquement. Préparez-bien cette étape : vous ne pourrez pas faire appel d’une éventuelle relaxe ou acquittement des policiers.

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Dans quel cas peut-il y avoir un procès ?
Devant quels tribunaux peut se dérouler le procès ?
Comment se déroule l’audience ?
Quel rôle peut jouer la « partie civile » ?
Quelles décisions peut rendre le tribunal  sur le plan pénal?
Quelles décisions peut rendre le tribunal sur le plan civil ?
Qui peut faire appel de la décision du tribunal ?

Dans quel cas peut-il y avoir un procès ?

Trois personnes peuvent saisir un tribunal. D’abord, à la fin de l’enquête du procureur de la République (enquête « préliminaire » ou « de flagrance »)book_2, ce dernier peut renvoyernote les suspects devant le tribunal. Ensuite, à la fin de l’information judiciaire, le juge d’instructionbook_2 peut en faire autantnote. Enfin, vous pouveznote également obliger la justice à organiser un procès par le biais d’une « citation directe »book_2. C’est possible seulement en cas de délitbook_2. Attention : si le tribunal estime que les personnes que vous avez fait comparaître ne sont pas coupables, il peut vous obliger à leur payer une « amende civile »book_2. Dans tous les cas, un tribunal ne peut juger que des personnes dénomméesnote et régulièrement convoquées, et seulementnote pour les faits dont il a été saisi. Par exemple, s’il est saisi seulement pour des violences, il ne pourra pas condamner des policiers pour des faux PV. En revanche, le tribunal est libre de « requalifier » juridiquement les faits (par exemple en requalifiant des violences simples en violences avec arme).

Devant quels tribunaux peut se dérouler le procès ?

Selon la gravité des faits, le procès peut se dérouler devant diverses juridictions. La cour d’assises juge les crimesnote. Ce sont les faits les plus gravesbook_2, passibles de dix ans de prison au minimum. Elle est compétente en cas de décès, d’infirmités permanentes, mais aussi dans certains cas de faux procès-verbauxbook_2. Elle est composée d’un jury de 3 magistrats professionnels et de 9 jurés tirés au sort. Le tribunal correctionnel juge les délitsnote, qui sont les faits passibles de dix ans de prison maximum. Le procès devant le tribunal correctionnel prend en général la forme classique de l’audience « collégiale » avec trois magistrats professionnels. Pour certaines infractionsnote les moins graves, seul un « juge unique » statue. Le procureur de la Républiquebook_2 peut aussi choisir la « comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité » (CRPC), une sorte de « plaider-coupable » à la française. Au cours de la CRPC, en tant que victime, vous ne pouveznote vous exprimer que lors de l’audience finale, qui est très rapide parce qu’elle fait suite à une phase de négociation (à laquelle vous ne participez pas).

Procédure expéditive

La décision est tombée trois minutes seulement après l’ouverture de l’audience. Le fonctionnaire de police Sébastien Maréchal, 43 ans, a été condamné à une faible amende par le tribunal correctionnel de Bayonne, ce vendredi 26 juin, pour des faits de « violences involontaires ». Ce membre de la BAC de Bordeaux avait tiré au LBD (lanceur de balles de défense) dans la tête de Lola Villabriga, alors âgée de 19 ans, lors d’une manifestation anti-G7, à Biarritz, en décembre 2018. M. Maréchal devra payer 90 jours-amendes à 15 euros, soit un total de 1 350 euros. Le policier a reconnu les faits dans le cadre d’une procédure de plaider-coupable (comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité ou CRPC). Expéditive, la procédure de CRPC a empêché tout débat sur le fond du dossier au cours de l’audience : pas de retour sur les circonstances du drame, sur le déroulé de l’enquête de l’IGPN ou d’explications du policier à la barre.

Mediapart, 26 juin 2020

Comment se déroule l’audience ?

Quelle que soit la juridiction, les participants (en robe) sont les mêmes : en face la « cour » ou le « tribunal » (le ou les juges) qui « siège » et rendra la décision, sous la direction d’un·e président·e. D’un côté, le procureurbook_2 ; de l’autre, le ou la greffière. Dans la salle, l’huissier (également en robe) est chargé de faire respecter « la police de l’audience », dictée par le président. Il y a souvent des policiers ou gendarmes. Dans les affaires policières, la confusion entre ceux chargés de la « sérénité » des débats et ceux venus soutenir les suspects est courante. En principe, les victimes et les suspects (« accusés » aux assises et « prévenus » en correctionnelle) se trouvent chacun·e d’un côté mais, pas toujours, faute de place. Le président procède à « l’instruction à la barre » en reprenant les faits à partir du dossier et en interrogeant les témoins, les victimes puis les suspects. Cette phase est beaucoup plus rapide devant le tribunal correctionnel que devant les assises. Une fois que tous les éléments de l’affaire sont passés en revue, la parole est donnée dans l’ordre à l’avocat de la victime (plaidoirie), au procureur (réquisitoire), puis à la défense (plaidoirie). Les décisions sont souvent mises en délibéré à plus tard, sauf devant la cour d’assises. Sauf exception, les audiences sont publiques.

Quel rôle peut jouer la « partie civile » ?

La « partie civile » est la victime qui intervient dans la procédure pour obtenir la réparation de son préjudicebook_2. Vous pouvez vous « constituer » partie civilenote jusqu’au moment de l’audience Vous pouvez aussi jouer un rôle sur le plan pénalbook_2. Avant l’audience, vous pouvez faire citer des témoinsnote, mais aussi des suspects (sauf aux assisesnote). C’est utile si vous estimez que le procureur n’a pas convoqué tous les coupables (coauteurs, responsables hiérarchiques, etc.). Vous pouvez aussi faire citer un prévenu déjà convoqué en ajoutant des faits à poursuivre (par exemple un policier poursuivi par le procureur pour violences, mais pas pour un faux PV). Ces citations ont lieu par voie d’huissier, ce qui implique des coûts. Avant ou pendant l’audience, vous pouvez déposer des « conclusions »note (observations) écrites. C’est utile notamment pour insister sur tel élément de preuve, pour demander la requalification de tel fait ou pour demander réparation de votre préjudice. Enfin, pendant l’audience, vous pouvez prendre la parole, et votre avocat·e peut poser des questionsnote aux témoins et aux suspects.

Quelles décisions peut rendre le tribunal sur le plan pénal ?

L’aspect « pénal » du procès concerne l’existence ou non d’infraction(s)book_2. S’il juge qu’il n’y en a pas, le tribunal prononce « l’acquittement » (aux assises) ou la « relaxe » (tribunal correctionnel). S’il y a infraction, il « qualifie » les faits reprochés à chaque suspect, c’est à dire qu’il indique quelle infraction a été commise. Puis il prononce les peines. Les peines dites « principales » sont essentiellement la prison (avec ou sans sursis) et l’amende. Les condamnations de policiers ou gendarmes à des peines de prison ferme sont extrêmement rares. En cas de violencesbook_2 ou homicidebook_2, le tribunal peut décidernote d’ajouter une peine complémentaire, comme l’interdiction d’exercer une activité professionnelle ou celle de porter une arme. L’interdiction professionnelle peut êtrenote temporaire ou définitive. Le tribunal peut donc se substituer à la carence fréquentebook_2 de l’autorité hiérarchique des policiers. En 2021, les 5 seules évictions définitives de policiers pour violences policières ont été décidées par la justice, hors de toute procédure interne à la police. Enfin, le tribunal peut décidernote de ne pas mentionner la condamnation au casier judiciaire du policier ou gendarme. La mention n’a de toute façon aucune conséquence automatiquebook_2.

83 % de peines avec sursis

D’après les chiffres inédits du ministère de la Justice obtenus par Politis, les condamnations prononcées dans les affaires de violences volontaires par personne dépositaire de l’autorité publique (PDAP) sont globalement en baisse depuis dix ans. Ainsi, 98 condamnations ont été prononcées en 2010 contre 53 en 2020. […] Sans conteste, le recours à la prison ferme baisse dans ces dossiers depuis dix ans, en nombre et en pourcentage des peines d’emprisonnement. Ainsi, le ferme représentait 35 % des emprisonnements en 2010 contre 14 % en 2019 (et 17 % en 2021). Une chute de plus de moitié en dix ans. […] En 2021, 83% des peines d’emprisonnement prononcées pour violences volontaires par PDAP sont assorties du sursis. Une part écrasante qui peut aussi s’expliquer, en partie, par l’absence d’antécédents judiciaires de beaucoup de mis en cause. Dans la population générale – tous crimes et délits confondus –, en 2021, le sursis représente 55% des peines d’emprisonnement.

Politis, décembre 2022

Quelles décisions peut rendre le tribunal sur le plan civil ?

L’aspect « civil » du procès concerne l’indemnisationbook_2 de la victime. Si le tribunal estime qu’il y a un préjudicebook_2, il fixe le montant de l’indemnisation. Devant la cour d’assises, la décision civile est indépendante de la décision pénale. Il peut y avoir indemnisationnote même si la cour estime qu’il n’y a pas eu de faute pénale. Devant le tribunal correctionnel, ce mécanisme n’est prévunote qu’en cas d’infraction non intentionnelle (par exemple, « violences involontaires » book_2). Dans tous les cas, le tribunal peut ordonner aux condamnés de verser une « provision » (une somme d’argent) qui sera « exécutoire » (due à la victime) même s’ils font appel. Les condamnés ne pourront s’y opposernote qu’aux assises, sur des critères stricts. Vous avez tout intérêt à demander cette provision dans vos « conclusions » écritesbook_2. Enfin, le tribunal (correctionnelnote ou cour d’assisesnote) peut « renvoyer » l’affaire pour se prononcer plus tard sur les dommages-intérêts. Si c’est vous qui le demandez (par exemple pour apporter des justificatifs de votre préjudice), le tribunal ne peut pas refuser. Le renvoi doit être fixé à une date raisonnable. La seconde audience a lieu à juge unique et peut se tenir hors la présence du procureur.

Qui peut faire appel de la décision du tribunal ?

Seuls le procureur ou les condamnés peuvent faire appel de la décision pénale. En tant que victime « partie civile », après un procès d’assisesnote ou correctionnelnote, vous ne pouvez pas faire appel sur le volet pénal de la décision. Vous ne pouvez ni contester une décision d’acquittement ou de relaxe, ni la peine prononcée (si vous la jugez trop peu sévère par exemple). Vous ne pourrez faire appel que sur les « intérêts civils » (l’indemnisation)book_2. A moins d’un appel du procureur (toujours possible), l’éventuelle mise hors de cause des policiers deviendra donc définitive. C’est dire l’importance de bien préparer le procès ! Aux assisesnote ou en correctionnellenote, le délai pour former un appel est de dix jours à compter de la signification de la décision. Suite à un appel d’une « partie », les autres parties peuvent faire un « appel incident ». Pour le faire, elles disposent d’un délai supplémentaire de cinq jours. L’appel a un effet « suspensif » : jusqu’à de que l’affaire soit jugée en appel, ni la peine ni les intérêts civils ne seront mis en œuvre, sauf les « provisions »book_2. Les appels sont jugés selon le cas par une cour d’assises d’appel ou la « chambre correctionnelle » de la cour d’appel.