BAC de Lyon : aux castagneurs, la patrie reconnaissante (suite)
Temps de lecture : 2 minutesMême pour l’IGPN et le procureur, les deux agents de la BAC ont commis des violences « incompréhensibles ». Pourtant au procès, les policiers ont affirmé avoir agi en toute légalité. L’institution policière semble d’accord : ils sont désormais formateurs en techniques d’intervention.
Illustration de LAFFRANCE
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Au procès du 22 septembre, l’avocat d’Arthur Naciri demande au policier de la BAC Jérémy M. : « Si c’était à refaire, vous le referiez ? ». Le réponse jaillit du tac au tac : « Si c’était à refaire, je suis sûr que votre client ne passerait pas devant moi ». Stupeur dans la salle. Même face à la justice, le sentiment d’impunité est profondément ancré dans les têtes policières. Il faut dire que l’institution sait ménager ses agents. Le commissaire Pancrazi, chef du « service d’ordre public » du Rhône, et donc supérieur hiérarchique de la BAC, a assisté à presque toute l’audience, au milieu de la quarantaine de fonctionnaires venus en soutien.
Surtout, les deux prévenus ont avoué qu’ils n’ont pour l’instant fait l’objet d’aucune sanction disciplinaire. Une commission disciplinaire s’est réunie « en novembre 2021 » lâche Jérémy M. Elle a proposé un « blâme » (sic) pour l’un comme pour l’autre. « On nous reproche de ne pas avoir fait remonter l’information à la hiérarchie » (re-sic) détaille Sylvain P. « Notre avancement serait bloqué pendant 3 ans ». Jérémy M. lui, a déjà obtenu une promotion depuis les faits, avant la commission de discipline. « Mais pour l’instant, la direction centrale qui est notre autorité hiérarchique, n’a pas prononcé la sanction ». C’est en effet à elle que revient le pouvoir de suivre (ou pas) la proposition de la commission disciplinaire.
Tabasseurs formateurs
Jérémy M. a quitté la BAC il y a « neuf mois » pour devenir « FTSI » c’est à dire formateur en techniques de sécurité et d’intervention. Idem pour Sylvain P., qui a quitté la BAC en juin dernier. Il explique qu’il aurait préféré « rester dans des unités opérationnelles » sur le terrain mais « ce n’est pas ce qui a été retenu ». Fait rarissime, même le procureur adjoint Alain Grellet, tout comme l’IGPN d’ailleurs, estime qu’ils ont commis des violences « inconsidérées et incompréhensibles ». Jérémy M. a commis un passage à l’acte (agripper Arthur comme s’il voulait l’interpeller) dans lequel « la nécessité n’existait pas ». Autrement dit, il n’y avait aucune raison d’utiliser la violence.
Mais le policier persiste : « Je ne vois pas ce que j’aurais pu faire d’autre. J’aurais pu utiliser du spray lacrymo mais ça aurait touché d’autres personnes autour ». On croit rêver. Sylvain P. lui, a matraqué Arthur à 5 reprises. Pour le procureur, « ce n’était pas proportionné vu le nombre et le gabarit des policiers présents ». Sylvain P. reste droit comme son bâton télescopique : « j’entends ce que dit l’IGPN, mais pour moi j’avais pas d’autre solution ». Grâce à l’institution, ces deux agents sans scrupule forment désormais leurs collègues sur les conditions d’emploi de la force. Le jugement a été mis en délibéré au 24 novembre. La justice décidera-t-elle de les empêcher d’exercer ? Il y a peu de chances, car le procureur n’a rien requis de tel.
Flagrant Déni décortique une valse de l’impunité policière et publie un ensemble d’enquête sur l’omerta qui règne au sein de la BAC de Lyon :
Le contexte: 9 dents en quêtes cassées en quête de justice
Saison I
Acte 1 : coup de matraque oublié
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Acte 2 : justice par omission
Acte 3 : hiérarchie, la loi du silence
Saison II
Menaces au tribunal : violences policières de père en fils
Procès de la BAC de Lyon : aux castagneurs, la patrie reconnaissante
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